Le leadership féminin à travers les âges : entre progrès, résistances et enjeux d’avenir

Au fil des décennies, la place des femmes dans le monde du travail a connu une évolution fulgurante. De marginale à incontournable, leur présence dans l’économie moderne est aujourd’hui une évidence. Pourtant, dès qu’il s’agit d’accéder aux plus hautes fonctions, les chiffres racontent une autre histoire. Si l’égalité professionnelle est affichée comme un objectif majeur, la réalité du terrain démontre encore l’existence de nombreux freins à l’émergence d’un leadership féminin reconnu, valorisé et représenté à sa juste mesure.

Une lente conquête de l’espace professionnel

Jusqu’au milieu du XXe siècle, les femmes occupaient une place restreinte et subalterne dans le monde du travail. Longtemps cantonnées à des fonctions d’exécution, leur accès à l’emploi qualifié, à la formation et aux postes de responsabilité a été progressif, souvent à contre-courant des normes sociales et des résistances institutionnelles.

C’est à partir des années 1960-70, avec l’émancipation croissante, l’essor de l’éducation féminine et les mouvements féministes, que les lignes commencent à bouger. Aujourd’hui, en France, les femmes représentent 51,5 % de la population active et plus de 60 % des diplômé·es de l’enseignement supérieur (INSEE, 2024). Pourtant, elles ne détiennent que 24 % des postes de direction dans les grandes entreprises (Baromètre Ethics & Boards, 2023). Ce « plafond de verre », malgré des avancées réglementaires, reste bien réel.

Le leadership féminin à travers les âges

Des freins multiples, souvent invisibles

Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation des femmes dans les sphères de pouvoir :

  • Les stéréotypes de genre persistent : autorité, ambition ou assertivité sont encore trop souvent associées à des qualités masculines. À l’inverse, empathie, écoute ou collaboration sont perçues comme “féminines” et parfois moins valorisées dans les organigrammes.
  • L’autocensure joue un rôle central. De nombreuses femmes doutent de leur légitimité à diriger ou à postuler à des postes à responsabilités, malgré des compétences égales ou supérieures à celles de leurs homologues masculins.
  • La charge mentale, inégalement répartie, impacte leur disponibilité, leur énergie, voire leur ambition professionnelle.
  • Le manque de rôle-modèles féminins à des postes-clés freine l’identification et la projection.

Autant d’éléments qui ne sont pas toujours quantifiables, mais qui influencent fortement les trajectoires professionnelles féminines.

Un leadership au féminin : quels apports ?

Le leadership féminin ne consiste pas à calquer les postures masculines, mais à valoriser une autre façon de manager, d’influencer et de piloter. Plusieurs études montrent que les femmes dirigeantes ont tendance à adopter un management plus participatif, orienté vers la coopération, l’intelligence émotionnelle et l’agilité (McKinsey, « Women Matter », 2022). Ces qualités, aujourd’hui recherchées dans un monde professionnel en pleine mutation, deviennent de véritables atouts.

💡 Les équipes mixtes seraient plus performantes : d’après une étude de Cloverpop (2017), les décisions prises par des groupes diversifiés sont meilleures dans 87 % des cas, en particulier sur des sujets complexes ou innovants.

💡 Les entreprises qui comptent davantage de femmes dans leurs instances dirigeantes ont de meilleurs résultats financiers : selon le Peterson Institute (2016), les sociétés avec au moins 30 % de femmes cadres supérieures affichent une rentabilité supérieure de 6 % en moyenne.

Une question de performance… et de justice

Favoriser l’émergence du leadership féminin ne relève pas uniquement de l’égalité des chances ou d’une démarche sociétale. C’est aussi un levier de performance durable pour les organisations. À l’heure où la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) prend une place centrale, promouvoir la mixité à tous les niveaux devient un critère d’attractivité et de compétitivité.

Depuis 2019, l’Index égalité professionnelle femmes-hommes est obligatoire pour toutes les entreprises de plus de 50 salarié·es. Il oblige les employeurs à se questionner sur les écarts de rémunération, de promotions, de retour de congé maternité ou encore de présence des femmes dans les postes à responsabilité.

Mais au-delà de la conformité réglementaire, c’est une transformation culturelle qu’il convient d’engager, en formant les décideur·es, en accompagnant les femmes dans leur montée en compétences et en questionnant les biais, souvent inconscients, qui entravent l’égalité réelle.

Une dynamique à renforcer

Aujourd’hui encore, de nombreuses femmes n’osent pas se dire leaders. Par manque de confiance, par crainte du jugement ou par absence de modèles. Pourtant, le leadership féminin est bien là : dans les équipes, les projets, les idées, les engagements. Il ne demande qu’à être reconnu, encouragé, nourri.

Offrir des espaces pour développer sa posture, identifier ses forces, dépasser ses freins, renforcer sa visibilité ou sa capacité à prendre la parole… Ce sont autant de leviers qui participent à cet essor.

💬 Et si donner les clés du leadership aux femmes, c’était aussi faire progresser toute l’entreprise ?

📚 Sources :

  • INSEE, Femmes et hommes – L’égalité en question, édition 2024.
  • Baromètre Ethics & Boards 2023 – Représentation des femmes dans les instances dirigeantes.
  • McKinsey & Company, Women Matter 2022.
  • Peterson Institute for International Economics, 2016.
  • Cloverpop Study on Inclusive Decision Making, 2017.
  • Ministère du Travail – Index de l’égalité professionnelle.